Au Canada, plus qu’aux États-Unis, les fabricants évoluent dans un environnement de travail et un contexte d’emploi beaucoup plus favorables aux employés et aux syndicats. Cela dit, un employeur averti, bien informé, stratégique et proactif dans la gestion de son usine peut se créer un avantage concurrentiel considérable. Cet article présente les faits incontournables pour les fabricants qui font des affaires, ou qui envisagent d’en faire, au nord de la frontière.

La compétence provinciale

Une province n’est pas l’autre

Contrairement aux États-Unis, où la National Labor Relations Act (loi nationale sur les relations de travail) s’applique d’un océan à l’autre, au Canada, le droit du travail relève de la compétence des provinces. Les provinces sont des divisions administratives infranationales, comme le sont les États des États-Unis. Chaque province a sa propre législation sur le travail, la santé et la sécurité et les droits de la personne (à cet égard, elles jouent un rôle analogue à celui de l’Equal Employment Opportunity Commission aux États-Unis [commission américaine de l’égalité des chances en matière d’emploi]). Par conséquent, le lieu où une entreprise s’installe détermine en grande partie les lois sur l’emploi et le travail qui s’appliquent. Cela peut se traduire par des différences considérables dans toutes sortes de domaines, du salaire minimum aux heures de travail jusqu’à la formation des syndicats.

Les milieux de travail non syndiqués

Pas d’emploi « de gré à gré »

Au Canada, la notion américaine d’emploi « de gré à gré » (at-will employment) n’existe pas. Les employeurs ont le droit de licencier les employés pour toute raison non discriminatoire, mais ils doivent leur donner un préavis de cessation d’emploi raisonnable ou leur verser une indemnité tenant lieu de préavis raisonnable. Il n’existe pas de formule précise pour déterminer ce qui constitue un « préavis raisonnable »; il revient généralement aux tribunaux de décider, mais en règle générale, un délai d’environ trois à cinq semaines par année de service est considéré comme adéquat. Cette règle fait l’objet de nombreuses exceptions : il faut toujours obtenir un avis juridique avant de mettre fin à un emploi. La durée du délai de préavis est dictée par divers facteurs comme l’âge de l’employé, le nombre d’années de service, la catégorie d’emploi et les autres emplois disponibles.

Il est possible pour un employeur de définir ce qui constitue une « période de préavis raisonnable » dans un contrat de travail écrit, pourvu que le contrat respecte les délais de préavis minimaux établis par les lois provinciales. Soulignons que la période de « préavis raisonnable » qu’accordent les tribunaux est considérablement plus longue que le minimum prévu par la loi, de sorte qu’un employeur prudent devrait veiller à ce que tous ses employés aient un contrat de travail qui définit, entre autres, la somme à verser au moment de la cessation d’emploi.

Le contexte syndical

Un taux de syndicalisation plus élevé qu’aux États-Unis

Les taux de syndicalisation au Canada sont considérablement plus élevés qu’aux États-Unis. Par exemple, le taux général de syndicalisation dans le secteur privé est d’environ 16 %. De plus, selon Statistique Canada, l’organisme national de statistique, 24,7 % des employés de l’industrie de la fabrication sont couverts par une convention collective.

Le processus d’accréditation syndicale

En un mot, le processus d’accréditation syndicale au Canada est rapide.

Une fois qu’un syndicat a déposé une demande d’accréditation, si les employés ont la chance d’obtenir un vote, un scrutin de représentation syndicale peut avoir lieu trois jours plus tard. Certaines provinces, comme le Québec et le Nouveau-Brunswick, autorisent l’accréditation par carte d’adhésion, ce qui enlève aux employés la possibilité de s’exprimer par vote. L’accréditation par carte d’adhésion peut avoir lieu si plus d’un certain pourcentage d’employés d’une unité de négociation proposée ont signé des cartes syndicales et si celles-ci sont soumises à la commission des relations de travail. Dans ce cas, il n’y a pas de campagne syndicale, et les employés n’ont pas l’occasion de changer d’idée. Lorsque le syndicat a reçu les cartes, l’accréditation est automatique.

Comme c’est le cas aux États-Unis, quand les employés d’une entreprise au Canada se syndiquent, le syndicat obtient le droit exclusif de représentation des employés et de perception des cotisations syndicales pour tous les employés d’une unité de négociation. Toutefois, le Canada n’a pas de lois de type « right-to-work » (lois qui régissent la mesure dans laquelle un syndicat peut exiger l’adhésion des employés et le paiement de cotisations syndicales). En effet, les employés d’un milieu de travail syndiqué n’ont d’autre choix que d’adhérer au syndicat et de payer les cotisations syndicales.

Les lois sur la santé et la sécurité au travail

Les politiques officielles

Les provinces canadiennes ont des lois robustes en matière de santé et de sécurité au travail. Chaque loi provinciale sur la santé et la sécurité au travail énonce les droits et les obligations des employeurs, des superviseurs et des travailleurs.

En règle générale, chaque usine doit avoir une politique écrite en matière de santé et de sécurité au travail qui énonce ce à quoi l’employeur s’engage pour protéger la santé et la sécurité des employés. De plus, les employeurs ayant un certain nombre de travailleurs doivent mettre sur pied des comités mixtes de santé et de sécurité au travail composés de travailleurs et de membres de la direction.

Aujourd’hui, la plupart des provinces exigent que les employeurs élaborent des politiques écrites sur la violence et le harcèlement au travail.

Test de dépistage de drogues

Au Canada, les tests de dépistage de drogues et d’alcool en milieu de travail ne sont autorisés que dans des circonstances bien précises. Le dépistage préembauche est généralement interdit et le dépistage aléatoire est extrêmement rare. En général, pour procéder à un dépistage aléatoire, l’employeur doit démontrer que toutes les autres méthodes de contrôle d’un problème de drogue et d’alcool en milieu de travail ont été inefficaces.

Les tests de dépistage de drogues et d’alcool que l’on sait n’avoir aucun lien avec la sécurité ou le rendement au travail ou qui ont lieu alors qu’il n’y a aucune preuve de risques accrus pour la sécurité au travail sont probablement illégaux et seront considérés comme une violation des droits de la personne.

Un employeur ne pourra justifier à coup sûr un test de dépistage de drogues qu’à la suite d’un accident ou d’un accident évité de justesse, ou s’il a des motifs raisonnables de croire qu’un employé a les facultés affaiblies au travail.

Conclusion

Le Canada offre d’excellentes occasions d’affaires pour de nombreux fabricants internationaux en raison de sa main-d’œuvre hautement qualifiée, de ses taux de change favorables et de sa proximité avec les États-Unis. Toutefois, les coûts élevés de l’énergie, les nouvelles restrictions à la libre circulation des marchandises et le contexte réglementaire favorable à la main-d’œuvre pourraient faire obstacle aux fabricants.

Pour surmonter ces obstacles, il faut une bonne compréhension de la culture et des pratiques locales, et suffisamment de prévoyance et de souplesse pour adapter les politiques américaines ou internationales de l’entreprise à la réalité locale. Comme l’indique le titre de cet article, les éléments dont il est question ici sont certainement des faits que les fabricants « doivent savoir ». Ils ne représentent cependant que la pointe de l’iceberg pour les fabricants qui font affaire au Canada. Remarquez cependant que les employeurs qui gèrent efficacement leurs activités canadiennes jouissent souvent d’une entreprise lucrative stratégiquement située dans un pays voisin des États-Unis.


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